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■NOTES '373

scment des racontars et des potins de concierge sur les maî- tresses des commissaires, les gains de tel ou tel spéculateur, les menus des dîners de Gorky et de Lounatcharsky, etc., lorsque nous lisons des phrases comme celle-ci,: « Après l'ex- plosion de Moscou (attentat fort bien conçu, mais dont les résultats ont été insignifiants — quelques petits youpins de médiocre importance ont seuls été tués et Nakhamkès assourdi)... ». On comprend à la rigueur que M^^^ Hippius ait pu écrire cette phrase sur son carnet le 21 septembre 19 19, à Pétrograde ; mais on s'étonne qu'elle ait pu la faire paraître sans restriction aucune, sans un mot d'explication, en 1921, à

Paris !... B. de schlœzer

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LE MONSIEUR DE SAN FRANCISCO, par Ivan Bouuine. Traduit du russe par Maurice (Bossard).

C'est un recueil de nouvelles, choisies dans l'œuvre déjà considérable de l'écrivain russe, jusqu'ici ignorée en France et dont la valeur n'a été reconnue, même dans son propre pays, que depuis la guerre, depuis la révolution surtout. Dans sa préface à l'édition française, Ivan Bounine s'étend lui-même avec quelque complaisance sur les difficultés qu'il a eu à sur- monter, sur l'accueil réservé, indifférent qu'ont fait à ses livres le grand public, la critique. Les causes de l'erreur d'apprécia- tion dont il se plaint, apparaissent très clairement aujourd'hui : en Russie, les considérations et les sympathies politiques ont toujours joué un très grand rôle dans les destinées des écrivains ; on y a vu des écrivains de second, de troisième ordre arriver très rapidement à une grande notoriété pour des raisons tout à fait extra-littéraires ; l'ardeur de leurs convictions libérales ou socialistes leur servait de talent. Des opinions conservatrices, réactionnaires, au contraire, un attachement trop marqué pour l'église, paralysèrent l'action de maints écrivains remarquables, par exemple de l'admirable Lièskov.

Bounine jusqu'en ces dernières années ne s'occupait jamais de politique ; il faisait pis encore : il traçait des paysans une peinture cruelle qui était en complet désaccord avec la légende doucereuse que depuis des années cultivait avec une sorte de fétichisme la littérature russe. D'autres avant lui, Tchékhov

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