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Page:NRF 18.djvu/383

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NOTES 377

Aller à la chasse au canard, la nuit, dans les petits théâtres où s'allument de fausses étoiles et souper chez les actrices. Faire de son cœur un article de Paris...

Aujourd'hui Lucien, Lousteau même, on les rencontre rare- ment sur le boulevard. Les héros de Balzac ne se trouvent pas toujours sous le pas d'un cheval, ce cheval fût-il Pégase et bien des journalistes n'ont pas d'illusions à perdre.

Un jeu littéraire amusant, c'est celui des enquêtes. Dans les Annales, M. André Lang raconte le voyage qu'il fait à travers la République des Lettres, d'où presque tous les poètes sont bannis.

Nous n'irons plus au bois sacré. . .

— Q.ue pensez-vous de l'Art, de la littérature, du théâtre ? a demandé aux gens célèbres M. André Lang qui s'est engagé d'honneur à répéter exactement ce qu'ils auront dit ; et ce n'est pas toujours agréable, quand on songe à la qualité de cer- taines réponses.

M. Maurice Rostand qui voudrait bien être Alcibiade, mais qui n'osera jamais couper la queue de son chien, M. Maurice Rostand aime Henri Barbusse, La Fontaine l'ennuie. M. Mau- rice Rostand n'a pas toujours mauvais goût, il aime aussi la lit- térature confidentielle. Hélas ! il est l'auteur du Cercueil de Cris lai.

— Ce jeune homme ! Touché par l'aile du Génie, ça n'est pas niable ! dit de lui M'"^ Sarah Bernhardt qui s'exprime d'une façon remarquable. Evidemment, M^^^ Sarah Bernhardt fut une excel- lente interprète, une « artiste », comme on dit, mais pourquoi veut-elle dépasser son rôle et devenir un symbole ? M"^^ Sarah Bernhardt appartient à la légende, aux chroniques et je ne vou- drais pas toucher aux gloires nationales, mais un temps ne vient-il pas où « il faut songer à faire la retraite » ? J'oublie que M™« Sarah Bernhardt ignore le temps, elle qui disait, la tête levée vers le cintre, à un machiniste tapageur :

— Vous voulez me tuer? Eh bien, tuez-moi, je suis immor- telle !

M. André Lang interroge des représentants de toutes les espèces littéraires : le vieillard indulgent, le grand homme incompris, le jeune poète perpétuel. Il est rare que ces aveux

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