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Page:NRF 18.djvu/46

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^0 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISB

qu'ils ont enlevé, l'un à un bout et l'autre à l'autre bout. Je ne vois que leurs ombres. Ils marchent au même pas, pesamment. Ils ont l'air de brancardiers. L'abbé ne dit rien.

Moi. — J'en vois encore, là-bas. Quelles petites taches <ians cette étendue ! De si loin, on ne croirait pas qu'ils ont des âmes. J'en vois qui s'enfoncent sous bois, à la file indienne. Pourquoi sont-ils penchés comme cela en avant ? On croirait qu'ils ont le sac au dos.

Encore un silence. Les divisions d'un des collèges s'ébranlent.

L'abbé, à voix basse. — Vous aussi alors vous y aviez songé, qu'un jour, dans quelques années... Moi. — J'y songe sans cesse. L'abbé. — C'est affreux ! C'est affreux ! Moi. — Soyons tous forts.

Ils regardent eficore un petit temps.

L'abbé. — Allons, mon cher ami, au revoir. Moi. — Au revoir. Ne les laissez pas avoir froid.

Dans l'ombrCy à mesure qu'elles arrivent sur la route, les divisions en marche se mettent au pas cadencé.

Octobre ip2i.

HENRY DE MONTHERLANT

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