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Page:NRF 18.djvu/684

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678 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAL^E

roxysme dans la Chaussée des géants. Benoît vise de moins en moins à l'émotion, il vise de plus en plus à la satire et à la drôlerie. C'est sa façon de donner raison à ceux de ses amis qui le proclament un « classique ». . La sensibilité qui se répandait dans Kœnigsmarck et dans V Atlantide (et dont l'écho se retrouve dans tous les poèmes de Diadnmcne et nombre de pièces des Suppliantes) était une sensibilité nettement post-romantique, assez proche de celle d'Albert Samain, à hase de « femme fatale » et d'exal- tation masculine. L'érotisme de Benoît ne dépassait pas le mussettisme et l'hugolâtrie d'un adolescent bien informé, mais encore chaste. Au romantisme de ces passions, Pierre Benoît a substitué dans ses trois derniers romans une galan- terie et une charnalité assez basse, mais qui le préservent de tomber dans un galimatias qu'il redoutait. Il s'est lancé dans la satire politique. Il a pris en même temps le parti de railler légèrement ses héros, ce qui lui épargne de les analyser.

�� ��C'est là une des faiblesses, la plus grande faiblesse de Pierre Benoît. Il est incapable d'animer des personnages vivants, humains. Tous ses héros sont des fantoches pure- ment conventionnels. Connaissant son incapacité à décrire et à expliquer des sentiments, il a, dans le Lac Salé, tenté de se justifier en soutenant qu'un romancier d'action n'avait point à se soucier de psychologie, les résultats seuls lui important. On connaît la fameuse phrase sur la balle qui pour atteindre son but n'a pas besoin de connaître la nomen- clature des pièces du fusil qui la tire, et sur la revue de détail des sentiments. Dans la Chaussée des géants, Benoît essaie d'un autre procédé. Il emprunte à des maîtres ps)^- chologues les sentiments qu'il attribue à ses personnages : « Une des pages les plus achevées du Jardin de Bérénice, écrira-t-il, est consacrée au trouble qu'on éprouve à retrou- ver devenue femme celle que l'on a connue enfant, etc..

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