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LE CAMARADE INFIDÈLE

��Deuxième Partie

��I

��Ni les caisses qui encombrent l’antichambre, ni les meubles déjà déplacés, ni l’absence de Clymène par cette après-midi de dégel, ne causent de surprise à Vernois. Il dit qu’il attendra et, sans quitter son pardessus, gagne le salon déjà dégarni de bibelots. Il écoute s’éloigner la femme de chambre, l’entend refermer la porte d’une office. Alors il va vers le piano, écoute encore, puis vite, saisissant le meuble par une de ses poignées, l’écarté du mur, passe derrière, s’agenouille pour tâter la boiserie, trouve la serrure d’un petit placard, y introduit une clef qu’il tire de sa poche et qu’il parvient à faire tourner. Il tâtonne et sa main tombe sur ce qu’il cherchait, cinq ou six liasses de lettres ficelées. Il glisse les premières dans ses poches, serre le reste sous son bras, entre sa veste et son manteau, pousse la porte et se relève. Mlle Gassin est à trois pas de lui.

Il sort aussitôt la phrase qu’il avait préparée pour le cas d’une surprise :

— J’ai laissé tomber une pièce de monnaie qui a roulé sous ce piano... Quelle poussière !...

I. Voir les numéros de la Nouvelle Revue Française des i^ avril et i" mai.