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Page:NRF 18.djvu/708

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702 • LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

mente, car les mots que vous employez sentent terrible- ment la lettre anonyme.

En M. de Pontaubault le diplomate reprend le dessus :

— Il n'entrait pas dans mon esprit de vous blesser. Non, l'auteur de la délation a signé sa lettre, et vous avez bien deviné qu'il ne pouvait s'agir que de M"*^ Gassin.

Tel est le soulagement de Vernois que tout son visage s'en éclaire, détente que le général met aussitôt à profit :

— Voyons, mon ami, nous nous comprendrons sans beaucoup de phrases. Les caprices de cet imbécile auraient gagné à rester secrets, mais sils ont transpiré c'est encore un malheur dont on se relèvera. Il n'en va pas de même pour les pénibles circonstances que vous connaissez aussi bien que moi...

— J'ai toujours soutenu, mon général, que le recul durant lequel il est tombé...

— Mon cher Vernois, ne discutons pas. Même si le malheur a tout fait, il vaut mieux le cacher quand il ressemble si cruellement à autre chose. J'entends que, sur ce point, la réputation de mon neveu ne soit pas entamée. Croyez-moi : renoncez à cette visite du champ de bataille.

— Je ne puis pas. J'ai mûrement réfléchi aux termes que j'emplaierai, au chemin que nous suivrons.

— Mon ami, vous vous couperez. Trouvez quelque prétexte pour abandonner ce projet, plus scabreux que vous ne l'imaginez.

Mais plus il a cédé jusqu'à présent, plus Vernois se révolte devant cette exigence :

— Si je ne vais pas avec elle au lieu où son mari est mort, je ne puis songer à vous donner satisfaction sur les autres points. C'est par ma faute que, dans le souvenir qu'elle garde de lui, Heuland a subi une atteinte et je me dois...

— \'ous ne vous devez pas de nous le ramener dans les jambes !

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