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76 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

prend sa place, toute sa place, mais rien que sa place, une place dans le rang. Il a tenu parce que l'escouade a tenu, l'escouade a tenu parce que la compagnie a tenu. L'homme n'est rien, et il part, c'est là :

« Les assaillants de la ferme ont découvert, «dar.-, un appartement de cet immeuble, une inscription gravée en larges lettres sur le mur : « Nous n'avons plus de pain, mais nous aurons Paris. »

Si la route de la capitale emprunte la vallée de l'Oise, ce n'est pas cette semaine que les Allemands défileront sur les Champs- Elysées. Le Mont-Renaud est la porte qu'il faut enfoncer à tout prix. C'est un pivot sur lequel s'appuie la ligne française établie sur la ligne droite. Si ce point cède, il est évident que les unités qui occupent l'Arbroye et les hauteurs qui se succèdent jusqu'à Lassi- gny devront se replier, ou ne pourront tenir longtemps. Tous les efforts ennemis s'exerceront sur nous, par conséquent. Mais notre hon- neur est engagé sur ce morceau de champ. Les régiments du i^r Corps, en position sur la rive gauche, assistent à notre duel. Partout on voit flamboyer l'orage.

Partout Ton sait, et l'on dit : C'est le 57e qui tient là-bas ! »

Vous vous souvenez de cette page où Marbot raconte une mission périlleuse qu'il accomplit la lîuit, en Autriche je crois, et qu'il a reçue directement de Napoléon. La situation est com- promise, il va échouer, on lui tire des coups de fusil. La fenêtre centrale du château où se trouve l'empereur s'ouvre alors au loin toute rouge comme un point minuscule dans la nuit. C'est cette fusillade qu'on a entendue au château ; on sait que c'est sur Marbot qu'on tire et qu'il est en train de remplir, s'il le peut, sa mission. « L'Empereur et les maréchaux te regardent ! » Un courage nouveau, invincible, l'emplit, les obstacles tombent et il réussit. Voilà le haut lyrisme de la guerre, lafleur de flamme. Les exploits ne demeurent pas sans gloire au luilieu des ténèbres. . . La page du poilu du 57'-"et celle de jMarbot se répondent comme des feux dans la littérature des souvenirs militaires. Je voudrais citer l'arrivée de l'aumônier et la confession dans le château, la blessure de Biget et son retour avec sa fiche d'évacuation. Lisez-les.

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��Ce livre sans littérature se trouve beau exactement par les mômes lois qui font la haute beauté littéraire. L'Agonie du

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