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I5§ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

caprice de tes gestes — étendards d'ombre levés ! Ta coquet- terie — gourmande de curiosité — se plaisait à poser des énigmes. Un peu décorative, ta grâce. Tu évoquais la ballerine de qui chaque effet de pointes exige un effet de primes sur un tréteau à réflecteurs.

Somme toute, tu te dérobais. Tu fuyais sous les lueurs artificielles : une amoureuse d'antan eût fui sous un bos- quet. Craignais-tu de te livrer par l'exactitude de ton teint ? Il n'est pas impossible que ces fards aient caressé des joues timides.

Tu minaudais à coups de reflets. Les reflets dansaient des rondes autour de ta beauté. Les minauderies dansaient aussi autour de ton amour !

��* *

��Elle a franchi le seuil de la maison bien-aimée. La qualité de la lumière apprivoisa ses beaux yeux que le jour avait meurtris. Ses pupilles se dilatèrent comme des corolles inconnues. Ses voiles qui dérobent à son corps la parcelle d'éternité qu'il porte, ses voiles coulèrent : leur soie fut une fumée qui joua un instant entre ses doigts, puis à. ses pieds se condensa en flocons bleus. Ah ! pas plu- tôt ses mains nues, elles se mirent à s'ennuyer ! Mais elles ne furent plus que caresses et bien vite s'oublièrent. Ses hanches enserraient l'effroi d'être dévêtues et se cachaient dans l'étreinte. Ses doigts, posés sur mes yeux, n'empêchaient pas l'échu de son sein de diffuser en mon regard. Sous mes paupières caressées, glissait une extase de banquises...

�� ��C'est alors que j'eus tendance à devenir ennuyeux. Déjà je lui avais appris à secouer la tyrannie des modes ; amou- reuse des étoffes, à s'en moins faire l'esclave ; bref à les rendre, à leur tour, amoureuses de son corps. Elle était en

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