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SILBERMANN

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��Aig.uesbelles m'offrait, chaque été, un spectacle identique, méthodiquement réglé. On eût dit qu'une ordonnance supérieure eût assigné à tous les habitants du mas une tâche exacte devant laquelle ils ne viendraient à faiblir qu'au moment de la mort.

Mon grand-père s'occupait de son domaine avec un soin invariable. Tous les jours, avant le coucher du soleil, quel que fût le temps, il allait inspecter ses vignes en voiture, suivant des chemins tracés exprès dans la terre labourée et par lesquels lui seul passait. On apercevait au loin son buste qui restait rigide en dépit des cahots et se dressait au-dessus de l'horizon.

M'a grand'mère était sans cesse en mouvement malgré son âge. Elle allait, du matin au soir, de la ferme à la magnanerie, son beau visage aux pommettes fraîches abrité sous un grand chapeau de paysanne. Préoccupée perpétuellement par l'amélioration du mas, elle décidait des changements qui s'effectuaient aussitôt, non sans qu'elle- même, qui bouillait d'activité, y eût mis la main. Lors- que par hasard nous la surprenions à ne rien faire, elle se sentait si honteuse qu'elle se troublait et disparaissait après nous avoir dit :

— Il faut que je vous laisse, mes enfants, j'ai tant de besogne !...

i. Voir la Nouvelle Revue Française du ie r août 1922,

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