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380 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Le Bouddhisme, introduit par voie soit indienne, soit chinoise, le défraie entièrement ; mais un Bouddhisme monacal, hiéra- tique, plus éloigné de la nature et de la vie populaire que celui des Ashikaga. Pourtant de même que le nô s'accompagne de farces satiriques, les kyôgen, des pitreries se mêlent aux repré- sentations données dans les camps de nomades tibétains. Une douzaine de mystères constituent tout ce théâtre, qui ne date guère que du xvn e s. Quoique né en une contrée limitrophe de celle qui donna le jour à Kâlidâsa (début du v e s.), le drame tibé- tain ne ressemble pas plus que le japonais au drame indien litté- raire et profane. C'est pourtant de l'art des premiers dramaturges bouddhistes, d'un Asvaghosa par exemple, que procèdent à tra- vers l'art des siècles Tchrinehindan ou Nansal, comme Oimaisu et Sotoha-Komachi ; un même esprit bouddhique vit ici et là, et la simplicité du renoncement, chez un bodhisattva ou chez une femme, trouve en Haute-Asie, malgré l'allure compassée du récit édifiant, malgré la monotone succession des homélies, mais dans la froide pureté des cimes himalayennes, des accents de mansuétude et de désintéressement plus grandioses encore qu'à la cour des shoguns de Kyôtô.

��P. MASSON-OURSEL.

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��LE COURRIER DES MUSES.

Le pays latin, le pays des Muses — mon département — était en fête, l'autre soir. On donnait à Bullier le dernier grand bal de la saison. Un groupe d'artistes, russes pour la plupart, l'avaient organisé et il faut les en féliciter puisque le bal fut à peu près réussi. Mille habits noirs et mille masques se pres- saient dans la grande salle tandis que des couples trop tendres se perdaient dans les jardins, plus éclairés qu'ils n'eussent voulu. On reconnaissait des gens du monde et des autres mon- des, surtout de ceux-ci. Un homme-orchestre conduisait la danse quand le jazz-band était fatigué. Ce fut charmant jusqu'à une heure et demie environ. Puis le comité d'organisation eut la malencontreuse idée de procéder à une vente de tableaux qui ennuya si fort l'assistance qu'au bout d'un quart d'heure on réclamait, sur l'air des Lampions, bien entendu, la musique, la musique ! De plus, les boissons avaient été mises à un prix

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