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382 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ques a été acquittée, grâce à l'habileté de son avocat. Il est vrai qu'elle est bien jolie. C'est un beau procès littéraire qui finit. Madame Berthe de Nyse a affirmé avoir entendu le nom de l'assassin dans un jardin de Passy. Cela a créé une petite atmos- phère de mystère et, pour moi, la même qui m'entourait autrefois, quand je lisais sur les murs de Paris cette inquiétante légende d'une affiche de Gus Bofa, si je m'en souviens bien : J'entends des pas dans le percolateur. . . Madame Aurel a été témoin. Qu'on me sache gré d'éviter tous les jeux de mots qu'on peut faire et qu'on a faits sur son nom. J'ai décidé dorénavant de laisser le monopole des jeux de mots et des calembours à M. Paul Souday qui, pour égayer la matière », dit-il, regrette que la plaque appliquée rue Hautefcuille, pour commémorer Baudelaire, ne soit pas « muqueuse ». Quelle élégante allusion ! C'est vraiment là de l'esprit et du plus fin ! J'espère que le directeur de La Cigale songera à M. Paul Souday, pour sa pro- chaine revue.

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��Au Ciné-Opéra où l'on ne joue spécialement que des « sum- mum » (de l'art anglais, de l'art muet, etc.) passe actuellement Le Rail, film allemand, sans sous-titre. Les éclairages sont excellents, réglés avec un extrême souci du détail, les acteurs sont remarquables (je veux dire qu'ils jouent bien). C'est l'his- toire de la fille d'un garde-voie qui est violée par un inspecteur, d'une mère qui meurt de chagrin au pied d'un crucifix, sous la neige, et que son mari mène au cimetière, dans un petit trai- neau, d'un inspecteur étranglé par le même garde-voie qui déclare au chef de train : « Je suis un assassin ». La pancarte promet un réalisme inouï. Il est certain que le film a une sorte de beauté sombre et prenante, mais il ne donne pas cette impres- sion morbide produite par presque toutes les œuvres d'art alle- mand moderne. On y voit moins qu'ailleurs l'Amour et la Mort danser leur danse macabre. Ce film ne vaut pas Caligari, ni les étonnants Quatre Diables, film édité l'année dernière par la Dansk-Film où le genre de l'érotisme funèbre atteignit un record qui n'a pas encore été battu.

��GEORGES GABORY

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