Page:NRF 19.djvu/417

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

PROJECTIONS OU APRES-MINUIT A GENEVE 415

Enfin ses yeux s'apaisent. Voici qu'avance en pardessus cintré son secrétaire athlétique d'une pâleur admirable,

��souriant de sa bouche grenadine.

��* *

��Transpirant et langourant avec conscience, le premier violon me cligne un sourire complice.

Mais mon préféré c'est Prospero, celui qui fait les bruits. Il porte le costume de cow-boy que je lui ai payé.

Il tape sept coups nets sur une planchette. Je pense aux noisettes que je mangeais avec Pauline. Elle avait douze ans, deux tresses de miel, du soleil dans le grand chapeau de paille et des cerises à ses oreilles.

��*

��Prospero presse la trompe et relève sa mèche de blond tuberculeux.

Le garçon me dit que Prospero est tendre avec les hommes, mais c'est une calomnie. Prospero ne mange pas de ce pain-là.

D'un œil sévère et satisfait, il suit sa petite femme qui danse avec un Japonais.

��L'Isolé accompagne le violon à voix aiguë honteuse, pour être de la commune joie.

Monsieur le Directeur du Cabaris avec son habit noir et le crayon autocrate à l'oreille, passe, les mains derrière le dos. Il s'incline rêveusement devant moi.

Député communiste, il se récite l'interpellation de samedi.

Le premier violon s'arrête devant ma table, finit mon verre, s'excite et me chante fraternellement.

�� �