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RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE

��RENOUVEAUX QUAND MEME

Il est inutile de dire une fois de plus que la figure actuelle de la France n'est pas tout à fait ce qu'en attendaient ceux qui sont habitués à lui voir occuper une place éminente dans le paysage universel des idées et des formes. D'autant plus inutile que je ne suis pas de ceux qui s'affectent et se lamentent, à ce propos, outre-mesure. Il y a mieux à faire. D'un côté nous avons avan- tage et intérêt à repérer les points saillants de cette figure, à l'obtenir, comme une réalité géométrique, en l'engendrant par la pensée. D'un autre côté, nous avons lieu de la considérer comme une sorte d'écorce, de carapace un peu dure et un peu lourde, imposée par un certain élan vital de défense, et à l'intérieur de laquelle s'opère l'évolution qui, si elle trouve des circonstances un peu favorables, donnera demain une figure plus souple, reportera en charpente intérieure le calcaire qui durcit aujourd'hui à la périphérie son mur défensif. Il est ambitieux et d'une facilité dangereuse de penser et de parler par générations, et de prétendre dessiner, ce qui est une des grandes tentations de la critique, un crayon de la génération qui vient. Tout ce qu'on peut faire c'est d'y reconnaître, plus ou moins fragilement, certaines équipes, qui impliquent ou impli- queront des équipes adverses, et de pressentir la nature, le terrain, l'enjeu, le public des grandes parties.

Pour le critique qui s'efforce à penser ainsi par équipes con- temporaines, par déroulement régulier et naturel de la durée sociale, un hiatus, un gros trou apparaît aujourd'hui, et plus expressément cette année 1922 : c'est l'absence de la génération

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