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notes 497

passés, après avoir écrit plusieurs romans et d'innombrables nouvelles où il prodiguait les dons de la plus féconde imagina- tion, a réalisé, après des tâtonnements, une œuvre qui synthé- tise toutes ses recherches et traduit intégralement sa Weltans- chauung : Six personnages en quête d'auteur. Pour Pirandello, tous les sujets se ramènent à un seul : la dissociation de la per- sonnalité. Tantôt il étudie le cas d'un personnage pris pour un autre, ou jugé autre qu'il n'est, ou contraint d'agir autrement qu'il ne voudrait, tantôt il place ses personnages les uns vis-à- vis des autres dans les situations les plus anti-naturelles. Dans ses Six personnages..., il a poussé au paroxysme son système, en portant à la scène six personnages imaginés par un auteur drama- tique qui n'a point écrit la pièce qu'il projetait de faire avec eux et qui veulent vivre leur drame et tentent en vain, quand ils l'ont défini, de le transfuser aux acteurs chargés de le représenter. Schéma dramatique plutôt que véritable pièce de théâtre, mais d'une ingéniosité rare dans l'invention, parfois poignante et en tout cas essai complètement réussi de théâtre d'humour, dans le sens complet du mot « humour ».

De Pirandello est issu le pirandellisme, mais il semble difficile sinon impossible, qu'un art si original, si étroitement lié à la structure mentale très particulière de son créateur, puisse faire école. On peut en tout cas se demander, même en accordant à Pirandello toute l'admiration qu'il mérite, si ce serait souhai- table pour le théâtre italien.

Il n'y a en somme pas lieu de s'étonner que toutes ces œuvres dues à de vieux routiers des lettres aient échappé à l'emprise de la Ronda. C'est sur la génération nouvelle que la Ronda doit normalement exercer son influence. Or cette influence est indé- niable, même chez les « jeunes » qui font profession de lui être hostile. On note depuis deux ans un peu partout un effort sen- sible vers cette forme solide et probe, massive et froide qui est précisément celle de la Ronda. La publication par cette revue d'extraits choisis et groupés du Zibàldone de Leopardi, qui for- ment vraiment le Testament Littéraire du poète de la Gineslra et sur lequel nous reviendrons, a achevé de préciser les tendances du groupe néo-traditionaliste et anti-romantique.

11 n'y a plus qu'à attendre les œuvres qu'on veut bien nous annoncer de Vincenzo Cardarelli, d'Emilio Cecchi et d'Alberto

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