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504 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

merveille quelque gentilhomme rougeaud, rageur et rustique, attablé devant son pot de bière, tel qu'on en voit dans les tableaux de Hogarth. Malheureusement ce Sébastien n'est pas un personnage essentiel de la pièce, et nous le perdons trop souvent au profit de l'insignifiant M. Thomas, son fils ;du dou- ceâtre Valentin, du décevant Lancelot (sur lequel on compte tout le temps, mais en pure perte), de la fade Dorothée. Et l'in- trigue, bien qu'un peu mieux soutenue que dans les comédies précédentes, est encore trop faible pour n'être pas avant tout ennuyeuse.

M. Mélèse a traduit tout cela avec probité et nuance. Un peu plus d'aisance, de liberté, aurait peut-être donné plus d'élégance à son consciencieux travail. Il faut savoir s'affranchir du mot-à- mot si l'on veut éviter les tournures de phrases lourdes et cer- tains défauts de langue. Mais ce sont là peccadilles. Louons M. Mélèse de son effort et songeons à la somme de travail et d'abnégation qu'il représente. Dans le prochain volume (qu'il nous annonce) souhaitons surtout de rencontrer quelques cœurs d'hommes et de femmes.

Après avoir lu ces trois comédies de Beaumont et Fletcher, je me suis souvenu de l'exclamation de Goethe feuilletant un album d'estampes anglaises qui représentaient les scènes princi- pales de toutes les pièces de Shakespeare : « On est effrayé, s'écria-t-il, quand on voit toutes ces images, de l'infinie richesse et grandeur de cet homme-là ! »

GUY DE POURTALÈS

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��LA VIE ET L'HABITUDE, par Samuel Butler ; trad. française de Valéry Larbaud (Editions de la Nouvelle Revue française).

« La Vie et l'Habitude est, de tous les livres de Butler, celui qui laisse l'impression la plus durable chez le lecteur. Les drama- turges et les romanciers de langue anglaise y ont puisé à pleines mains, depuis une quinzaine d'années qu'ils connaissent ce livre, et en lisant un auteur contemporain on voit tout de suite s'il a lu La Vie et l'Habitude. C'est un point de départ ; un fer- ment intellectuel et poétique ; un de ces livres que seuls les lettrés ont lus, dont on parle peu, qu'on cite encore moins, mais

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