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6)6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

C'est Là — que nous allions, tous les deux, n'est-ce pas, ce Dimanche, à Paris, dans l'avenue lointaine, qui s'était faite alors, pour plaire à notre rêve, plus silencieuse, et plus lointaine, et solitaire... Puis, sur les quais déserts des berges de la Seine... Et puis après, plus près de vous, sur le bateau, qui faisait un bruit calme de machine et d'eau...

��Evidemment j'aurais dû comprendre ; j'aurais dû démê- ler ce que Foumier lui-même d'ailleurs n'apercevait pas encore à ce moment : que c'était là l'exercice d'un conteur, et non d'un poète.

Le vers libre y était adopté par Fournier sous l'influence sans doute des Symbolistes, mais surtout comme un moyen de suivre exactement les phases d'un récit. Il me semble qu'on le sent ici s'entraîner à conter. Il ne s'est pas encore arraché à ses impressions ; il cherche encore à nous les imposer telles quelles (et avouons franchement qu'il n'y réussit guère) ; mais déjà, malgré lui peut-être, elles s'ana- lysent, elles perdent la densité poétique et prennent la forme d'une énumération. Des faits, des événements percent sans cesse au travers des spectacles ; un dynamisme se fait sentir sous l'enveloppe émotive ; des moments sont distingués; le présent, le futur viennent tout naturellement remplacer le passé :

Je vais entrer, nous allons suivre tous les deux avec la vieille dame, l'allée, où doucement, votre robe, ce soir, en la reconduisant, balaiera des parfums couleur de vos cheveux.

D'ailleurs le thème du morceau n'est-il pas une « aven- ture » déjà ? Et cette aventure, ne la reconnaissons-nous pas ? N'est-ce pas, avant la lettre, la rencontre de Meaulnes et d'Yvonne de Galais ? Plusieurs détails du récit définitif

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