734 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
graphies des « Célébrités d'aujourd'hui » et des « Célébrités d'hier ».
Ecrites d'ordinaire par des amis ou des admirateurs de l'ar- tiste étudié, documentées par lui, ces monographies pourront ■être certainement d'un grand secours à l'historien littéraire de l'avenir. Leur valeur critique risque naturellement d'être beau- coup plus sujette à caution. Mais la critique fût-elle de pre- mier ordre, ces monographies relèvent d'un genre hybride dont Valéry Larbaud, dans un article de la Revue de France (15 sep- tembre) ajustement montré les dangers. L'histoire littéraire est une chose, la critique en est une autre. L'histoire littéraire apporte « à pied d'oeuvre » au critique « les matériaux dont il a besoin » et fait mieux connaître aux lecteurs « l'histoire des livres » qu'ils aiment. Il ne faut pas que l'historien littéraire sorte de son «domaine scientifique» pour faire « des incursions dans le domaine littéraire et plus précisément dans le domaine de la critique littéraire ».
Ces dangers si justement signalés par Larbaud pourraient cependant être évités si ces monographies comprenaient une part d'histoire littéraire, qu'il n'y a pas d'inconvénient à appeler biographie, à condition qu'elle soit une histoire non seulement de la vie, mais encore de chaque œuvre et, nettement séparée de la première, une part de critique non plus historique et scientifique, mais esthétique. C'est là tout ce que peut raisonna- blement espérer la monographie d'un contemporain. Elle ne peut songer, faute de recul, à situer son homme. C'est l'affaire de la postérité.
Des monographies que j'ai sous les yeux (il en existe d'autres dans la même collection : Barbusse, Saint-Georges de Bouhélier et la comtesse de Noailles), la seule qui réponde au programme qui vient d'être tracé est celle de Laurent Tailhade, par son beau- frère Fernand Kolney. La partie historique semble complète et à peu près définitive ; elle s'appuie sur une vive sympathie pour Tailhade et une longue intimité avec lui. La partie critique, stricte et dégagée de toute sympathie personnelle, est aussi judi- cieuse que possible. Tous les lettrés se rallieront à ses conclu- sions. Cette monographie est le modèle à suivre.
Le Romain Rolland de Jean Bonnerot est un document d'his- oire littéraire de tout premier ordre. C'est une biographie de
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