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la nouvelle revue française

compréhensive”, rapprochera de nous la Grèce antique, et nous permettra “de choisir, dans son héritage, la nourriture qui nous convient” ? Là dessus, la préface dit peu de chose ; c'est du livre entier que j'extrais, non sans peine, non sans risque d'erreur, des conclusions où sans m'en douter j'introduis peut-être la contradiction que j'y crois découvrir :

1° Nul voyage ne saurait nous faire toucher ce qui n'est plus, nous restituer la présence immédiate et comme le bonheur de la vie antique. La Grèce est demeurée belle ; c'est le plus parfait des tombeaux, — un tombeau pourtant, vide de son cadavre, dont sa poussière n'a même pas gardé la fidèle empreinte... — Nous nous en doutions un peu, mais nous craignions d'affirmer ce qu'il nous plaisait trop de croire. Pour tous ceux qui restent, quel sujet d'envie, s'il suffisait d'aller là-bas pour contempler le corps même de la Déesse ! Mais ceux-ci, pas plus que nous, n'auront soulevé tous les voiles ; ils auront vu seulement le dernier voile, le plus splendide, — et qui sait si sa splendeur même ne les distraira point de la forme divine ? Louis Bertrand, pour voir la Grèce, “laissa dormir Sophocle et Euripide”. Eveillons les poètes, nous tous pour qui la Grèce, lointaine, immatérielle, ne peut ressusciter que comme un pur esprit!

2° De tout l'art grec, poésie mise à part, “nous ne pouvons guère aborder avec assurance que la