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la nouvelle revue française

barbarie. Il insiste sur la boucherie des sacrifices, sur l'abattoir permanent qui desservait l'autel d'Athéna, sur les brasiers d'Olympie qui devaient sentir “le roussi, la friture, le graillon et l'encens”. “Ce que l'Orient a conservé des mœurs antiques n'en donne point, dit-il, une très haute idée. L'ordure y voisinait constamment avec la splendeur, la trivialité sordide avec la magnificence, et le son des lyres et des flûtes, si agréable à entendre dans les vers des poètes d'Occident, eût écorché mes oreilles tout autant que les mélodies aigrelettes des musiciens arabes !... Ah ! non ! les choses ne se passaient pas alors, comme sur les bas-reliefs et sur les vases peints!...” “La procession des Panathénées eût démenti, j'en suis certain, l'idée fausse et toute livresque que nous en avons ;... ces Panathénées en marbre qui n'ont jamais existé que dans l'imagination de Phidias... je sens, pour ma part, que j'aurais regardé cette pompe familière avec la même curiosité que le cortège du Beiram dans les rues de Damas”. Au Musée de Delphes, il signale “toute une bondieuserie archaïque qui n'a rien à envier aux plus barbares fétiches de la dévotion italienne ou espagnole” ; et dans la caverne delphique, antre de la superstition, il se refuse à loger “la Grèce intellectuelle et rationaliste des Taine1 et

1. Renan, soit, mais pourquoi Taine ? Il a vu simplement la Grèce raisonneuse, ce qui n'est pas la même chose ; il a vu surtout une autre Grèce, école de guerre et d'élevage humain—gymnase et