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la nouvelle revue française

beaucoup ; j'ai si peu l'occasion de vous voir !... et puis je ne suis guère observatrice ; je n'ai pas le temps de m'arrêter à regarder ce qui ne me regarde pas. C'est toujours avec Juliette que je t'avais vu jouer... j'avais pensé... elle est si jolie, si gaie.

— Oui, je joue encore volontiers avec elle ; mais c'est Alissa que j'aime...

— Très bien ! très bien ; libre à toi... moi, tu sais, autant dire que je ne la connais pas ; elle parle moins que sa sœur ; je pense que, si tu l'as choisie, tu as eu quelque bonne raison pour cela.

— Mais ma tante je n'ai pas choisi de l'aimer et je ne me suis jamais demandé quelles raisons j'avais de...

— Ne te fâche pas, Jérôme ; moi je te parle sans malice... Tu m'as fait oublier ce que je voulais te dire... Ah ! voici : Je pense bien entendu que tout cela finira par un mariage ; mais à cause de ton deuil tu ne peux pas te fiancer déjà, décemment... et puis, tu es encore bien jeune... J'ai pensé que ta présence à Fongueusemare à présent que tu y serais sans ta mère, pourrait être mal vue...

— Mais ma tante c'est précisément pour cela que je parlais de voyager.

— Oui. Eh bien ! mon enfant j'ai pensé que ma présence à moi pourrait faciliter les choses et je me suis arrangée de manière à être libre une partie de l'été.

— Pour peu que je l'en eusse priée, Miss Ashburton serait venue volontiers.

— Je sais déjà qu'elle viendra. Mais cela ne suffit pas ! J'irai également... Oh ! je n'ai pas la prétention de remplacer près de vous ta pauvre mère — ajouta-t-elle, en