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Page:NRF 1909 11.djvu/32

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368 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

puissance verbale, son don d'évocation prodigieuse, il les a appliqués tout bonnement à faire ses personnages ressem- blants aux modèles qu'il portait dans son cœur, car que sont en somme, ces figures et ces paysages qui n'ont cessé de peupler sa poésie, sinon les souvenirs mêmes de Verhaeren affluant à sa mémoire, toute sa jeunesse, toute son hérédité flamande qu'il retrouve intactes et préservées en lui ?

Que ce soit dans un tel livre justement, si résolument

  • ' nationaliste ", où il n'exprime et ne traduit rien que de

son pays, que Verhaeren se montre le plus heureusement soumis aux exigences des plus délicates disciplines fran- çaises, voilà enfin qui nous paraît, plus que tout le reste peut-être, digne de remarque et d'admiration.

Tant qu'il ne s'était pas affirmé intégralement, com- ment en toute obéissance n'eût-il pas vu diminution ! L'assurance qu'il a désormais de sa force lui fait accepter à présent des influences que sa raison dès longtemps lui montrait nécessaires, mais dont il appréhendait l'intransi- geante rigueur. Assez longtemps il a commandé à soi-même pour admettre, sans rien céder d'une autorité par tant d'oeuvres attestée, que toute la liberté de l'artiste ne va qu'à lui laisser le choix de ses servitudes et qu'on ne saurait en tout cas se dérober à celles qu'impose le génie de la langue que l'on parle et de la littérature que l'on continue.

Pour faire voir à quel équilibre de moyens et de ré-

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