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CHARLES BLANCHARD 445

dureté, dans un vis-à-vis terrible, dans une sévérité implacable, quatre murs entre lesquels le sol noir était nu. L'ombre qu'ils versaient, troublée par le jour verdâtre d'une fenêtre basse, s'était retirée dans les coins en attendant son heure. Quand le soir ici viendra, l'on sera bien seul, dans un monde bien dur.

Ces compagnons de notre vie que sont les meu- bles : une horloge, une armoire, un buffet, l'un après l'autre avaient fui, et s'il restait encore une table, trois chaises, le lit et la huche, ils ne vous consolaient guère, car ils vous rappelaient sans cesse qu'il ne restait plus qu'eux. Une des chaises même commençait à partir. Elle s'était effondrée, on en avait rassemblé les barreaux pour qu'elle pût encore faire figure, mais les pieds et le dossier penchaient et montraient bien qu'il ne fal- lait pas compter sur leur appui.

Telle était la maison de Charles Blanchard. Ce fut ici, à l'âge de sept ans, alors qu'il semble que dans l'âme d'un enfant cent âmes d'enfants s'agi- tent et veulent s'échapper, ce fut ici que Charles Blanchard vint prendre sa place. Certes, il avait envie d'aller ailleurs. Plus d'une chose en ce monde l'appelait avec une grande insistance. Quand Galand le maréchal, en compagnie de son ouvrier, battait le fer rouge, une pluie d'étincelles jaillissait et rayonnait, si belle qu'on se réjouissait d'avoir vécu assez longtemps pour pouvoir la contempler. Le

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