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SUITE AU RECIT ... 369

" Le geste de des Grieux, en s'attaquant si résolument à nos adversaires, avait sauvé l'escadre ; mais presque aussitôt, celui qui venait de s'illustrer d'une façon aussi courageuse et aussi belle n'était plus qu'un mourant dans mes bras. "

" Le chevalier, frappé en pleine poitrine, rendait le sang par la bouche. Il voulut qu'on le soulevât pour qu'il pût parler. J'écoutais avidement tout ce qu'il allait dire. "

" M. le marquis de la Gallissonière se penchait sur lui en l'encourageant ; il l'entretenait de la récompense que

��son action avait méritée.

��— " La seule que je veuille obtenir, dit alors des Grieux, est que vous me conduisissiez au Nouvel-Orléans. Le gouverneur me connaît ; vous lui direz de placer ma dépouille auprès de celle de Manon. J'ai entrepris ce voyage pour revenir vers elle et c'est auprès d'elle que je veux reposer. "

" Ainsi la dernière parole de cet amant sublime et incomparable fut de nommer encore l'objet de son amour. M. l'amiral voulut bien donner au pauvre chevalier l'assurance que tout serait accompli ainsi qu'il souhaitait. Mais la faiblesse du blessé semblait augmenter avec le mal atroce qu'il endurait. Malgré ses souffrances il remercia avec douceur. Enfin il eut un frisson, étendit les mains et passa d'un coup. Tous ceux qui étaient là pleuraient de ce spectacle. Notre petite escadre, délivrée du péril d'où l'avait tirée le dévouement de des Grieux, continua de faire voile vers le Canada. Parvenu un peu au nord des Bermudes, M. l'Amiral ordonna que je prisse la dépouille du chevalier à bord de la flûte V Engageante et que je la conduisisse au Nouvel-Orléans. Cette mission

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