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��NOTES

��FRANCIS JAMMES : Rayotis de Miel (').

La critique, en face de lui, perd ses droits et sa raison d'être, comme devant les phénomènes naturels ; un poème de Francis Jammes n'est jamais le résultat d'un effort, d'une gageure poétique, ainsi que le souhaitait Baudelaire ; il jaillit de source divine, pressé de refléter le plus possible de ciel ; trouver à redire à la qualité de son eau, à l'harmonie de ses murmures, à la direction de son cours, est vain ; tout ce qu'on peut, c'est refuser d'y boire ; je plains qui n'a pas soif de cette eau-là — eau si claire, si fraîche, si lustrale que je ne viens point tant m'y abreuver que m'y laver.

Après avoir lu Rayons de Miel, je me redis les vers de Ronsard et pense que le mestier de Francis Jammes

" les autres mestiers passera d'autant qu'esclave il ne sera de l'art, aux Muses inutile. "

Ma prédilection s'attarde à l'Eglise habillée de feuilles ; mais je ne crois pas qu'Alexandre de Ruchenfleur, qui ouvre ce nouveau recueil, le cède en rien aux autres longs poèmes de Jammes (à Jean de Noarrieu par exemple auquel il fait parfois penser) si même il ne leur est pas supérieur. Son seul tort est de venir ensuite. — Francis Jammes s'interdit désormais d'avoir intelligence pour tout autre drame que celui qu'il vou- drait commun à chaque homme, dont les seuls événements, entre la naissance et la mort, seraient un amour légitime et la procréation de quelques enfants. C'est la vie " simple et tran-

{') Bibliothèque de l'Occident.

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