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LE CLASSICISME ET M. MOREAS 499

entré dans la littérature française sur la fin du moyen-âge, tel un joli trouvère naïvement musi- cal. Il a comme naturellement évolué à travers le fatras gréco-latin de notre Renaissance. Il vient de trouver son repos dans cette discipline classique du XVIPsiècle dont je proclamais la légitimité tem- poraire. Grâce à cette évolution, il nous sera dans une certaine mesure permis de trouver ce repos lui aussi légitime. S'étant replacé dans la situation d'un Malherbe, que le poète s'exprime naturelle- ment et en toute sincérité ainsi que s'exprimait Malherbe, cela ne nous choquera pas.

Aussi bien, c'est le miracle singulier de certaines de ses Stances qu'elles semblent avoir été pensées par M. Moréas au commencement du XVII e siècle. Il y a coïncidence absolue entre son inspiration et la forme archaïque dont il la revêt. Il vivifie, il rénove Malherbe, il donne au XVII e siècle qui n'a pas connu le lyrisme, un peu du lyrisme qui lui manquait : un lyrisme court j'en conviens, puis- qu'il se borne presque toujours au développement en douze vers d'un lieu commun sentimental et d'une image, un lyrisme émouvant, noble et pur cependant.

Il n'a pu soutenir souvent un si extraordinaire rôle. Même à la lecture des Stances un moment vient où l'inversion gêne, où l'archaïsme irrite, où l'on ne peut plus ne pas voir en M. Moréas notre contemporain, s'évertuant à retarder de deux

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