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comme certains ont fait, qu’il fut poète avant tout. La forme de sa sensibilité, son don d’amener l’image jusqu’au bord du plus aride concept, cette façon qu’il avait, tout en généralisant, de multiplier entre toutes choses les correspondances et les affinités, semblent certes plus propres à assurer la vie du poème qu’à motiver un roman. Mais n’eût-il été que poète, la difficulté serait simplement déplacée et il n’en resterait pas moins in- explicable que disposant de la strophe pour déployer son lyrisme, il ait presque exclusivement confié à la prose le soin de le manifester. 11 serait insuffisant d’autre part de prétendre uniquement romancier l’écrivain qui entre tous fut le moins asservi aux nécessités techniques du genre et jamais n’hésita à subordonner la composition ou le statut de ses livres au développement d’un caractère ou d’une situation, pourvu qu’il y trouvât l’occasion de faire éclater une beauté pathétique à ses yeux plus importante que l’intérêt même du récit. Au reste pouvons-nous oublier qu’il est l’auteur de maintes séries de poèmes que l’estime de ses compatriotes ne craint pas de placer au rang, sinon au-dessus, de Diana of the Crossways ou de la Beauchamp s Career? — Styliste, tout le monde du moins reconnaît qu’il le fut et magnifiquement. Pour la noblesse, la solidité et la grâce, il n’est guère d’écrivain en Angleterre qui puisse actuellement lui être comparé, et si cette rhétorique,