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lOO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

leurs enquêtes, n'ont pas été superflues. A défaut d'un commentaire abondant en petits faits, plusieurs pièces resteraient tout à fait inintelli- gibles ; en beaucoup d'autres, maintes nuances passeraient inaperçues. Toutefois l'orgueil d'une docte jouissance a bien aussi ses illusions : souvent la surprise d'une menue découverte déplace l'in- térêt sans le grandir. Telle anecdote par où s'éclaire l'origine d'un poème ne dispose pas à le comprendre, à le goûter plus sûremeni;. Ravi de l'avoir apprise, on voudrait pouvoir l'oublier, quand elle ferme à la rêverie des avenues que l'écrivain laissait ouvertes : n'est-ce pas abuser de la méthode historique, que de réduire l'oeuvre d'art à sa signification originelle — même quand les suggestions dont elle s'est peu à peu enrichie, loin de fausser l'intention première, en prolongent plutôt la vertu ?

Pour définir la lyrique de Goethe, il eût été vain d'insister sur la coupe des vers ou l'agence- ment des strophes, comme on ferait avec raison dans une étude sur la Pléiade ou le Cénacle. Très libre en son métier, parce qu'il en est maître, Goethe ne se refuse aucune innovation, mais n'en réalise aucune de propos délibéré. En résumant son esthétique, nous verrons qu'il a réfléchi sur les qualités qu'exige chaque genre et même chaque oeuvre importante ; mais les ergotages sur la technique sont pour lui " la marque des époques

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