Page:NRF 3.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

I06 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

belles œuvres françaises, de Rameau, de la Fontaine ou de Poussin, est, pour défendre une œuvre, la plus spécieuse ceinture ; on en vient à douter qu'il y ait là quelque secret ; il semble qu'on en touche le fond d'abord. Mais on revient dix ans après et l'on entre plus avant encore.

C'est pour les mêmes raisons que la langue française paraît d'abord enfantinement facile à apprendre, puis dif- ficile de plus en plus, à mesure qu'on l'entend mieux.

Après tout, cette pièce de Giacosa, peut-être la critique ne l'a-t-elle pas si bien comprise... mais comment ne pas s'irriter un peu en l'entendant louer d'être " de l'Ibsen " — mais " de l'Ibsen qui serait clair ".

��*

  • *

��Avant de repartir pour l'Australie, où il dirige des cultures, P. W. est venu me revoir. Il y a quinze ans, à son avant-dernier passage en Europe, je ne l'avais vu qu'un instant ; nos derniers souvenirs communs remontent à plus loin encore ; souvenirs de classe, souvenirs enfantins. J'étais pensionnaire avec lui dans la maison de Sainte-Beuve ; il ne songeait déjà qu'à partir. Il s'est d'abord fait colon en Afrique, mais les fonctionnaires algériens rebutèrent tous ses efforts. A présent il est installé entre Sydney et Melbourne ; il a fait quatre fois le tour du monde, mais ce qu'il a vu lui paraît peu en regard de ce qu'il veut voir encore. Je contemple avec admiration ce colosse superbe, sous qui tous les fauteuils semblent plier. Son visage puissant exprime une énergie calme et douce ; il

�� �