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LA MERE ET l'eNFANT 1 63

immortel; je déplie des centaines de feuillets que déjà le temps comprimait et colorait comme un sombre automne, et que parcourt votre écriture claire et calme, qui se

promène à petits pas précis, infatigables, de cette même démarche qu'avait votre esprit scrupuleux quand il visitait toutes les encoignures du monde où se sont dis- simulées F ombre, la tristesse et la souffrance pour les humbles.

Vous aviez la sincérité d'action, une page de vos manuscrits, dont le papier strict et maussade porte V en-tête de la Préfecture de la Seine, c'est une de vos

journées avec son labeur, sa charge, sa liberté réduite et sage dont témoigne la douce calligraphie, unie comme le passage de la lumière sur un long jour. Dans les marges il y a aussi vos détours et vos flâneries-, de négligents dessins, griffonnés à l'encre, qui représentent quelque faible sœur de Berthe Métênier, — et encore le nom d'un obscur hôtel, le numéro d'une chambre: je ne sais, mais j' imagine que la bonté du sort n'allait

jamais aux adresses que vous donniez.

Au début vous aviez intitulé ce livre " La Passion maternelle, " mais vous fûtes effrayé, je pense, par l'éclat de ce titre et son beau vermillon, vous avez

préféré l'indication la plus simple "La Mère et l'Enfant." Vous aimiez atténuer les mots pour que toute leur force coulât à l'intérieur.

En étudiant le manuscrit, on voit que c'est une longue histoire minutieuse que d'abord vous aviez établie avec beaucoup de soin, comme une horloge

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