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1 86 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

cette manière ils sauront plus vite que j'ai une place à leur donner ". D'autres fois nous sommes tous trois à la maison. On frappe à la porte. Nous nous regardons en nous demandant si ce n'est pas quelqu'un qui apporte l'emploi que nous cherchons. Puis il n'y eut rien autre chose..." 1

Il y eut, longtemps encore, d'autres espoirs. Philippe, las de manger le pain de ses parents, leur demanda quel- ques pièces d'or et se rendit à Paris, auprès de René Ghil qui connaissait "le fils d'un haut employé du Crédit Lyonnais ". Il avait en poche d'autres recommandations, " auprès de l'agent général d'une Compagnie d'assurances, d'un ancien directeur de journal, etc. " 2 — " J'espère donc mon avenir assuré, et attendant mon départ, je brûle le temps. Encore un mois je puis patienter... "

Il patienta bien davantage. Les puissants personnages auxquels il remit ses lettres ne lui donnèrent que de bonnes paroles. Il resta quatre mois à Paris, de janvier à mai 1895, dans une chambre à six francs la semaine ; il vivait de pain et de fromage, et travaillait, pour écono- miser le charbon, au salon de correspondance des Grands Magasins du Louvre. Quand il eut épuisé son maigre viatique, il écrivit, pour je ne sais quel salaire infime, des articles au " Don Juan ", sous le pseudonyme de Jean d'Ombre. Enfin, dans les deux derniers mois, il fit un " remplacement " à la Pharmacie centrale du Service de santé militaire. Il gagnait 3 fr. 7$ par jour, dimanches exceptés.

Au mois de mai, il dut quitter la place et rentrer à

  • La Mère et V Enfant, p. 158.

8 Lettre à l'auteur, 27 nov. 1894.

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