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Page:NRF 3.djvu/290

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��280 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

voir, on leur donnait un coup d'œil, il ne semblait pas qu'elles fussent là pour une autre raison. On les comptait, on disait: Pour la fête, il y avait cinq baraques ! On était un peu fier d'habiter une ville dans laquelle, le jour de la fête, venaient s'installer cinq baraques !

Charles Blanchard fut très étonné. Il lui vint une idée qui le prit tout entier, qu'il se mit à suivre et qui le porta en plein milieu des baraques comme s'il les voyait pour la première fois.

S'il avait eu en mains un de leurs fusils, il en eût appuyé la crosse à son épaule, il eût visé, on eût entendu le bruit que fait la capsule : ça y est, j'ai tiré un coup de fusil ! Le jeu de massacre était installé dans la baraque même du jeu de tir. Le temps de poser son fusil, un pas à gauche, et lui qui avait déjà lancé des pierres, il eût lancé des balles à cinq pour un sou. Mais, la loterie ! Il y avait un vase tout bleu, gros comme la tête, avec des fleurs blanches ; on aurait juré qu'elles ressem- blaient à des marguerites. Quand on l'a gagné, la marchande vous le pose entre les bras. C'est parce que vous ne savez qu'en faire que vous êtes heureux.


Ce ne fut qu'à onze heures, un peu avant la sortie de la messe, que les chevaux de bois furent délivrés du voile qui, jusqu'alors, les cachait à tous les yeux. Avant onze heures du matin, personne

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