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Page:NRF 3.djvu/295

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vous aviez conquis. Personne ny manqua. On entendit même le bruit de quelques disputes.

Charles Blanchard connut un sentiment qu'il n'avait pas encore éprouvé. Il ne suffirait pas de l'appeler le respect. Ce ne fut pas devant le nom- bre, ce ne fut pas devant la force qu'il céda. Il eût pu, du reste, profiter de la poussée qui lui était donnée, et, avançant de quelques pas, porté par la foule, occuper le premier rang sans même l'avoir fait exprès. Il s'en garda bien. Il voyait venir ceux-ci, il voyait venir ceux-là, chacun d'eux marchait avec assurance comme lorsqu'un homme marche dans son domaine. Avant même qu'ils n'y fussent instal- lés, Charles Blanchard, d'un œil attentif, considé- rait l'endroit dont eux semblaient vouloir faire choix. Lorsqu'ils s'en approchaient, lui s'écartait avec obéissance, leur abandonnait le terrain et s'en allait quelques pas plus loin, dans un coin, prendre la place qu'ils avaient bien voulu lui laisser....

Charles Blanchard ne lutta pas. A aucun moment ne lui vint à l'esprit qu'il eût pu combattre comme combattaient les autres, et, jouant des coudes, de la tête et des genoux, abattre dans la muraille humaine ce qu'il eût fallu pour livrer passage à son corps. Dans l'épaisseur de la masse, pas une fente, pas une fissure, pas un trou ; la rangée des spectateurs se tenait à son poste avec la fermeté des vieux soldats qui gardent leur pays. Il ne s'agissait pas de s'en désoler ; il ne s'agissait pas

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