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��LE LIVRE D'ORPHEE
(fragment)
��Tous ceux qui suivirent Orphée, ceux à qui faisait mal la grossière vie commune, habitent maintenant ce village abandonné, près de la mer. Certes, la route fut longue ; mais après le calme des premiers jours, un désir unique dans leurs âmes s'était levé, comme un soldat debout qui emplit le cadre de la porte: arriver, jouir de leur repos ; comme le coureur qui descend une pente, de plus en plus vite ! une hâte, un essoufflement ! il fallait ! et tous, emportés par la même furie, ils écourtaient leur sommeil, en marche bien avant l'aurore et jusqu'à la nuit noire...
Or ce soir-là, derrière un bois de pins qui re- garde le village, " Moi, dit Hélios, j'ai quitté ma mère sans pleurer.
— Nous avons tous, dit Damon, quitté notre mère et nos sœurs sans pleurer. Il nous a tirés à lui, il nous a rassemblés comme les pierres ? "
Et tout bas il se rappelait le départ au milieu de la nuit, puis l'arrivée ici, la solitude perchée sur
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