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426 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

il en est à côté d'exécrables et qui marquent un propos si délibéré qu'on ne les peut plus passer sous silence. Je dois avouer du reste que, si M. de Gourmont me plaît lorsqu'il est bon, il ne me pas- sionne vraiment que lorsqu'il devient détestable ; et je trouve à ses pires pages si singulière signifi- cation que c'est d'elles surtout que je prends souci de parler.

Equitable, un jugement ne m'apprend rien sur celui qui le porte, sinon que son esprit est clair et sain. L'excellence des jugements littéraires de M. de Gourmont nous garantit que ce solide esprit ne va pas déraisonner sans cause ; avec lui l'illogisme prend une éloquence d'aveu ; au moin- dre trébuchement il se livre, et plus il est capable de droiture, plus clairement ses écarts dénonceront sa passion. Je dis que c'est par là surtout qu'il m'intéresse, car précisément il se pique de ne se passionner jamais. Je reviendrai sur tous ces points. Rien de plus malaisé que de toucher le vif de cet esprit ; il élude la prise.

Une définition ne saurait le réduire : encyclo- pédiste attardé... c'est trop peu dire. Sans doute je lui vois assez volontiers la figure que ferait un d'Holbach ou un Helvétius parmi nous ; mais, outre qu'il écrit bien mieux que ces messieurs, une compréhension plus subtile d'une époque plus décomposée le pousse à des dénis plus graves.

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