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��LES POEMES D'ORCHESTRE DE CLAUDE DEBUSSY

��L'évolution de Debussy a imité le changement continu et insaisissable de sa musique ; il nous a fallu longtemps accompagner son insensible dé- marche avant d'apercevoir que nous nous dépla- cions. Mais l'exécution récente Libéria nous oblige à nous recueillir ; voici que du Prélude à F Après- midi d'un Faune nous nous sommes écartés assez pour que le chemin parcouru révèle une direction.

Les premiers poèmes d'orchestre de Debussy n'étaient pas la peinture d'un spectacle ; ils tra- duisaient le délice de l'âme au milieu du monde ; ils étaient emplis par la forte montée de la douceur. Le rythme du Prélude ou des Nocturnes suit tous les tâtonnements de la volupté, et de même qu'elle s'attache à toutes les tentations et se partage entre elles, errant de l'une à l'autre, de même il se déforme, il se reprend ; tout inquiété de plaisir, il mène son hésitation délicate à travers la mélodie. Et la continuité du poème n'est faite que de sa modification perpétuelle. — La mélodie elle aussi a tous les contours de la volupté ; elle s'avance

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