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Page:NRF 3.djvu/505

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JERMINA MARQUEZ 495

mêlés à la foule des élèves. Léniot cherchait des paroles appropriées à la circonstance ; mais il n'en trouvait pas. Une joie triomphale le possédait. Il savourait son calme, la perfection avec laquelle il jouait ce rôle de consolateur. Il se demanda ce qui se passerait, si, tout d'un coup, tenant ainsi l'enfant près de son cœur, il éclatait de rire. Voilà sans doute ce que c'était que " goûter dans le crime une tranquille paix." Oui, c'était bien joué ! Des mots gâteraient tout. Il se sentait au-dessus de toutes les choses présentes et méprisait ce désespoir qu'il adoucissait. Il songeait : " Si pourtant sa sœur nous voyait ? " Il se réjouissait de l'aridité de son coeur !

A la porte du dortoir des Cinquième, Léniot encore une fois embrassa Marquez, pressa fortement la petite main brûlante, et murmura tout simplement : "A demain, Paquito." Personne ne les avait vus.

Il avait l'habitude, chaque soir avant de s'endormir, de se remémorer ses paroles et ses actions de la journée écoulée, et de les juger. Il les examinait froidement et ne leur cherchait pas d'excuse. Eh bien, ce soir-là, il s'aperçut qu'il avait, au fond, moins de sujets de contentement qu'il n'avait cru d'abord. Son intervention dans le désordre de l'étude n'était pas l'acte héroïque qu'il s'était imaginé, lorsqu'il l'avait conçu. Il y avait, là-dedans, sans qu'il eût pu dire précisément en quel point particulier, de l'hypo- crisie. Assurément, les Iturria, avec leur notion exacte de l'honneur scolaire, n'auraient pas agi absolument de cette façon. En somme, dans son intérêt propre, pour faire effacer une mauvaise note qu'il avait méritée, il avait exposé à une punition grave tous ses camarades. Heureuse- ment, tout s'était bien passé. Mais il avait certainement

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