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624 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

raine qui a créé Maurice Barrés ; c'est lui qui a créé la Lorraine. Elle n'est rien, au sens où il l'entend, que le beau nom qu'il a donné à son âme: c'est son âme qui est pleine de mirabelles tombées: c'est elle que traversent les routes romanesques entre les peupliers décoratifs.

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��Barrés n'a pas comme Pascal subi sa destinée : il a construit sa carrière. Il a imaginé sa vie. Après beaucoup d'agitations, après avoir écouté tous les violons de tous les tziganes, c'est en Lorraine qu'il a choisi de faire son lit et de dresser son tombeau. Il n'y a pas, dans la vie de Barres, les contradictions qu'on a voulu y voir. Mais justement ; dans toute vie humaine, il y a des contradictions. Barrés a moins mené une vie humaine qu'il n'a écrit une magnifique biographie. Il a prémédité jusqu'à sa tombe. Il dormira dans sa Lorraine natale. Du plateau de Sion-Vaudémont on domine toute la Lorraine, comme du Grand-Bé on domine la mer.

C'est Chateaubriand que Barrés rappelle, et non pas Pascal, (s'il faut nous livrer à notre tour à ce vain jeu des parallèles). Il le rappelle par un sin- gulier mélange d'exaltation et d'ennui, d'orgueil et de fatigue, de générosité et de calcul. Les mêmes problèmes que les historiens de la littéra- ture aiment à se poser à propos de Chateaubriand,

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