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Il8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

un drôle ! " Et avec un geste emphatique : " A qui se fier, grands dieux ! " ajouta-t-elle.

Trop pénétrée de son sujet pour noter ce qu*il y avait d'outré dans l'attitude d'Isabelle, Boboli baissa la tête et tristement : " Oui, à qui se fier ? Latour, bien sûr, était le dernier homme dont j'eusse attendu un tel scandale... Quel coup ce sera pour tous ceux qui le connaissent... Et qu'en va dire cette malheureuse Paulette?"

" Paulette ! je l'oubliais, ma foi... C'est vrai qu'elle en était folle... Ah ! la pauvre fille, elle n'a pas de chance... Et dire qu'elle n'était même pas arrivée à se faire payer de retour... Mais elle n'est donc pas au courant ? "

" Non, fit Boboli, sans relever le front. Elle est partie ce matin pour toute la journée et ne rentrera qu'à la nuit... Même, il s'agira de la rejoindre dès son retour. Que deviendrait-elle si, avant que nous l'ayons pu préparer, quelqu'un lui contait tout de go l'histoire ?... Nous, du moins, nous saurons y mettre tous les ménagements nécessaires... Mais il faudra que tu m'aides, par exemple ! J'ai la tête à l'envers : seule, jamais je ne m'en tirerais... "

  • ' T'aider à passer la nouvelle en douceur ? reprit

Isabelle. Comment donc ! Il n'était pas besoin de me le demander. Tu peux compter sur moi... C'est bien à moi, en effet, qu'il appartient d'instruire cette petite... Je suis tout indiquée pour cela. Sois tranquille : c'est seule et sans toi que je m'acquitterai de ce soin... Pauvre Paulette ! Elle saura combien je la plains. Aimer un tel homme ! Ah ! que j'avais raison de le détester, car, vous voudrez bien vous en souvenir, je ne pouvais le souffrir... Je

l'exécrais même et ne m'en cachais guère Quelles

moues vous me faisiez quand j'avais le malheur de laisser

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