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128 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Saisie de sa dureté, Boboli n'osa répliquer. Chariot, du reste, à cet endroit les rejoignait. " Ah ! fit-il jovialement, je vous rattrape ! Vous vous êtes enfuies si vite que j'ai bien pensé vous avoir perdues... Je ne vous dérange pas, j'espère ?... " Mais Isabelle qui s'était remise à marcher ne daigna point tourner les yeux. Surpris, Chariot alors se pencha vers Boboli : " Je veux croire, fit-il à voix basse, qu'elle ne s'est pas offusquée des propos de notre ami... Il n'est point toujours très mesuré et manque un peu de tact ; qu'elle soit bien persuadée toutefois qu'il n'a pas eu un instant l'intention ni l'idée de lui manquer... " A peine Boboli l'entendit-elle : elle songeait bien à lui répondre ! Brusquement, le jeune homme se sentit in- discret. Il se tut et jetant un regard autour de lui, allait ralentir pour, ensuite, s'esquiver à la muette, quand, de loin, il aperçut le lieutenant qui se dirigeait vers eux. L'Ombrageuse en même temps avait eu une exclamation et s'empressant vers l'officier: "Eh bien, lui cria-t-elle, et vous, qu'allez-vous nous en dire ? Aurez- vous une opinion du moins, et oserez-vous l'exprimer ? Car vous n'ignorez pas, je suppose, que votre honorable ami... "

Mais le lieutenant ne lui permit pas d'achever. " Je vous en prie ! ne vous attardez pas plus longtemps à cette indigne calomnie I " Et, comme on allait l'inter- rompre : " Oui, reprit-il avec force, une calomnie ! Latour — et pas un instant d'ailleurs je n'en ai douté — Latour est un parfait honnête homme qui reste bien au- dessus d'une pareille imputation."

Le premier. Chariot revint de la stupeur qu'avait causée ces paroles. " Eh ! monsieur, je ne demande qu'à vous croire sur parole : cependant j'étais au cercle quand la

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