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l'ombrageuse 131

raient tour à tour l'officier et Isabelle qui demeurait figée, incapable de proférer une parole. D'une voix serrée, enfin: " Mais pourquoi, pourquoi, pourquoi a-t-il fait cela ? '*

Le lieutenant, pour toute réponse, ne put que hausser les épaules.

" Ne voyez-vous donc pas, reprit-elle, que c'est là l'important, qu'il nous faut le savoir à tout prix..." Et soudain, comme exaspérée du mutisme de ses compa- gnons, elle leur tourna le dos et à grands pas se dirigea vers l'allée toute proche. Une voiture y passait. Vivement, elle y prit place et d'un ton bref, sans plus regarder der- rière elle, elle jeta l'adresse de Latour au cocher qui partit aussitôt.

��IX

��En reconnaissant la jeune femme, Philippe eut un mouvement de recul. ** C'est vous, fit-il d'un ton brusque; pourquoi êtes-vous ici, que voulez-vous de moi ? " Et incapable de dominer le trouble où le jetait cette visite inattendue, il demeura un instant immobile et saisi. D'ail- leurs il se reprit aussitôt et, comme elle considérait les valises éparses dans la chambre, tous les apprêts du départ qu'elle venait d'interrompre : " Vous le voyez, ajouta-t-il avec un sourire d'une humilité affectée, j'allais partir. C'est bien là, je pense, ce que j'ai de mieux à faire..."

D'un geste, elle l'arrêta. " Ne mentez plus : à quoi bon! Votre compère a parlé: on sait maintenant comment la farce s'est jouée..." Et, détournant son beau front dédaigneux, elle acheva d'un air tranquille de retirer sa voilette et ses gants. Lentement elle se rapprocha de lui

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