POEMES 371
Et mourut en aimant passionnément ^argent.
Après avoir follement aimé le jeu et les femmes ;
A vous aussi, mes deux grands-pères que je n'ai point connus,
A toi, grand-père maternel, figure austère.
Toi qui malgré ton grand savoir ne voulus point quitter la terre
Ingrate, où. ton ascendance avait vécu ;
A toi, vieux constructeur de ponts, de quais et d^ églises
Quon eût, au temps jadis, écrit au livre de maîtrise.
Père de mon père, qui fus laborieux et bon ,•
A vous enfin qui vîntes de la montagne
Dans la plaine pour le labeur opiniâtre des sillons.
Ancêtres-paysans de ma compagne.
Laboureurs quelle m'a peints si beaux.
Lorsque, poussant vers le soleil votre attelage de cavales.
Votre attitude hiératique et colossale
Se dressait puissamment au flanc nu du coteau ;
A tous ceux dont me fut contée P histoire ou la légende
Et qui, depuis un siècle, patiemment, de leurs efforts.
De leurs pensées, de leurs douleurs et de leur mort
Tissèrent, ô mon fils, la trame ténue de ton âme.
Alors je me dirai, sans modestie, que nous avons été.
Ta mère et moi, au tournant de la route
La génération qui lutte et qui souffre
Pour le devoir nouveau plus haut que la pitié.
Ta mère, alors, devinera la fierté de mes pensées
Et mes ambitions pour toi, démesurées.
Et pour me rappeler combien le rêve ment,
Elle me sourira malicieusement
Dans la fraîcheur de la cuisine.
Qui nous accueillera avec du soleil
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