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32 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

sième acte s'ouvre dans la solitude. Il est vide comme la mer. Caréol, vieille demeure dont les murs sont gris ! Rocs battus d'écume de l'antique rive féodale ! L'océan, tourmenté et silencieux, s'étend pareil à l'oubli. C'est ici que viennent mourir les preux. L'héroïsme wagnérien, à qui nous connaissions le visage d'un guerrier surgissant au milieu des trompettes levées, reparaît sur le seuil de Caréol ; mais il est courbé comme un vieillard sous une lassitude navrante ; il est une forteresse démantelée ; il ne sait plus que rêver avec désolation. O mémoire de Tristan ! O réveil des blessures ! O plaintives enfances ! L'immensité du désir maintenant se verse dans le regret. Cette mélodie du pâtre, qui revient accompagner les souvenirs du héros, c'est le sentiment d'une desti- née perdue, c'est le déchirement de l'amour qui voit sa vanité. Le passé est plein de mort ; de sa voix naïve il chante ses anciennes déroutes ; il parle de funérailles d'autrefois en ce pays de mer où personne n'aborda jamais ; c'est la musique de l'histoire inconnue. Et maintenant il n'y a plus d'espoir qu'en la mort.

Soudain la voici qui se laisse pressentir. Par un dernier assaut de la volupté la voici presque attein- te ; elle va ne plus se refuser. La musique peu à peu se soulève, haletante. Elle est comme une pensée cherchée toute là vie et qui se fait de plus en plus prochaine, comme les battements de

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