Page:NRF 5.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

36 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Sitôt dehors il s'excusa de ne pouvoir nous accompa- gner : il connaissait quelqu'un dans les environs, dont il voulait aller prendre des nouvelles. Comprenant au ton de sa voix qu'il serait indiscret de le suivre, nous rentrâmes seuls, Jammes et moi à La R. où Gérard nous rejoignit dans la soirée.

— Cher ami, lui dit bientôt Jammes, apprenez que je suis résolu à ne plus raconter la moindre histoire, que vous ne nous ayez sorti celle qu'on voit qui vous tient au cœur.

Or les récits de Jammes faisaient les délices de nos veillées.

— Je vous raconterais volontiers le roman dont la maison que vous vîtes tantôt fut le théâtre, commença Gérard, mais outre que je ne sus le découvrir, ou le recon- stituer qu'en partie, je crains de ne pouvoir apporter quelque ordre dans mon récit qu'en dépouillant chaque événement de l'attrait énigmatique dont ma curiosité le revêtait naguère...

— Apportez à votre récit tout le désordre qu'il vous plaira, reprit Jammes.

— Pourquoi chercher à recomposer les faits selon leur ordre chronologique, dis-je ; que ne nous les présentez-vous comme vous les avez découverts ?

— Vous permettrez alors que je parle beaucoup de moi, dit Gérard.

— Chacun-de nous fait-il jamais rien d'autre ! repartit Jammes.

C'est le récit de Gérard que voici.

�� �