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38 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

fut bientôt plus question d'une simple visite : c'est un séjour au château de la Quartfourche que, sur la recommandation de M. Desnos, l'amabilité de M. Floche me proposait. Bien que sans enfants M. et Madame Floche n'y vivaient pas seuls : quelques mots inconsidérés de M. Desnos et dont mon imagination s'empara, me firent espérer de trouver là-bas une société avenante, qui tout aussitôt m'attira plus que les documents poudreux du Grand Siècle ; déjà ma thèse n'était plus qu'un prétexte ; j'entrais dans ce château non plus en scolar, mais en Nejdanof, en Valmont ; déjà je le peuplais d'aventures. La Quartfourche ! je répétais ce nom mystérieux : c'est ici, pensais-je, qu'Hercule hésite... Je sais de reste ce qui l'attend sur le sentier de la vertu ; mais l'autre route ?. .. l'autre route...

Vers le milieu de Septembre, je rassemblai le meilleur de ma modeste garde-robe, renouvelai mon jeu de cravates, et partis.

Quand j'arrivai à la station du Breuil-Blangy, entre Pont l'Evêque et Lisieux, la nuit était à peu près close. J'étais seul à descendre du train. Une sorte de paysan en livrée vint à ma rencontre, prit ma valise et m'escorta vers la voiture qui stationnait de l'autre côté de la gare. L'aspect du cheval et de la voiture coupa l'essor de mon imagination; on ne pouvait rêver rien de plus minable. Le paysan-cocher repartit pour dégager la malle que j'avais enregistrée ; sous son poids les ressorts de la calèche fléchirent. A l'intérieur, une odeur de poulailler suffo- cante.... Je voulus baisser la vitre de la portière, mais la poignée de cuir me resta dans la main. Il avait plu dans la journée ; la route était tirante ; au bas de la première

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