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466 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de la propriété. La Quartfourche fut acquise à vil prix par le marchand de biens Moser-Schmidt, qui se disposait à convertir le parc en prairies, lorsqu'un amateur américain la lui racheta ; je ne sais trop pourquoi, car il n'est pas revenu dans le pays, et laisse parc et château dans l'état que vous avez pu voir.

Peu fortuné comme j'étais alors, je pensais n'assiter à la vente qu'en curieux, mais, dans la matinée, j'avais revu Casimir, et, tandis que j'écoutais les enchères, une telle angoisse me prit à songer à la détresse de ce petit que, soudain, je résolus de lui assurer l'existence sur la ferme que souhaitait occuper Gratien. Vous ne saviez pas que j'en étais devenu propriétaire ? Presque sans m'en rendre compte j'avais poussé l'enchère ; c'était folie ; mais combien me récompensa la triste joie du pauvre enfant...

J'allai passer les vacances de Pâques et celles de l'été suivant dans cette petite ferme, chez Gratien, près de Casimir. La vieille Saint- Auréol vivait encore ; nous nous étions arrangés tant bien que mal pour lui laisser la meil- leure chambre ; elle était tombée en enfance, mais pour- tant me reconnaissait et se souvenait à peu près de mv^n nom :

— Que c'est aimable, Monsieur de Las Cazes ! Que c'est aimable à vous, répétait-elle quand elle me revit d'abord. Car elle s'était flatteusement persuadée que j'étais revenu dans le pays uniquement pour lui rendre visite.

— Ils font des réparations au château. Cela sera très beau ! me disait-elle confidentiellement, comme pour m'expliquer son dénûment, ou se l'expliquer à elle-même.

Le jour de la vente du mobilier, on l'avait d'abord sortie sur le perron du salon, dans son grand fauteuil à

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