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482 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

cependant que de tels actes de flibusterie littéraire soient dénoncés, et qu'on signale les traductions dignes de confiance (nous en possédons d'admirables). C'est moins encore de sens littéral qu'il s'agit que du respect littéraire dû à un texte. Et peut-être parviendra-t-on de la sorte à encourager des traduc- tions nouvelles, à les faire lire ou à leur trouver des éditeurs.

Nous ne saurions non plus nous désintéresser des traduc- tions où nos auteurs sont présentés à l'étranger. On serait étonné de leur nombre. Ceux qui croient notre génie national compromis parce que nous lisons Nietzsche ou Tolstoï, ceux-là se rassureraient peut-être s'ils savaient qu'en Allemagne seulement, Verlaine a tenté vingt ou trente traducteurs ; que Laforgue, Rimbaud, Mallarmé même, n'ont pas découragé des hommes résolus à s'enrichir de ce que notre httérature a produit de plus rare.

Toutes ces adaptations ne font pas preuve d'égal mérite ; beaucoup se montrent tendancieuses. Le goîxt que marquent certains étrangers pour quelques-uns de nos auteurs ne va pas sans un désir de se les approprier. Ne voyait-on pas dernière- ment M. Stefan Zweig revendiquer Emile Verhaeren comme poète germanique et donner à entendre qu'il n'aurait pas en France son plus fidèle public. Indirect et cruel reproche au peu de succès officiel dont nous entourons nos meilleurs auteurs. Et c'est parce qu'il y a, de ce côté, de précieuses indications à recueillir et une défense de notre culture à orga- niser, que nous essayerons de parler ici des traductions, chaque fois qu'il y aura lieu et que nous le pourrons.

J. S.

��REVUES

Nous lisons dans L'Ile Sonnante du mois de Février : " Les revues ne comptent guère dans la vie littéraire que parce qu'elles participent à un mouvement général : chacune d'elles, isolée, ne signifierait rien. Parmi celles qui sont les plus

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