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��PETITS DIALOGUES GRASSOIS I

LES VISITES

Maurice. — Aimez-vous les'arapèdes ?

Madame de Chatel. — Si je les aime, ces merveil- leux coquillages, pareils à des chapeaux-cloche et dont la chair a un goût de fleur !

Monsieur de Chatel. — Cette raclure de bateaux en perdition, ces petits morceaux de caoutchouc, faits avec des bigorneaux hors d'usage, vous allez encore manger ces saletés-là ?

Madame de Chatel. — Tais-toi. Tu ne sais pas ce qui est bon. Tu ne comprends du Midi que la bouilla- baisse : les nuances t'échappent.

Maurice. — Et quelle divine nuance culinaire que l'arapède ! Eh bien ! je sais où en trouver. J'ai rendez- vous avec ma vieille amie madame Revertégat, ce matin, à dix heures et demie, sous les frais ombrages de la place du Marché aux Poissons. C'est là que, à la face du ciel serein, et peut-être de madame Bellandou scandalisée, je dois recevoir, de ses mains fortes et potelées, le gage de son afifection solide ; trois hectogrammes de ce mammifère auguste dont nous faisons nos choux-gras, si j'ose rap- procher ces deux expressions. Vous m'ouvrez un crédit ?

Madame de Chatel. — Illimité... et partez vite.

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