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506 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Monsieur Truc. — Mais nous avons envie de jouer, nous autres...

Madame Toesca-Sardou. — Que voulez-vous ? Il pleut. On n'y peut rien.

Monsieur Bœuf. — On pourrait allumer.

Madame Toesca-Sardou. — Allumer !... à trois heures !... vous êtes fous !... Ah ! et puis, vous en faites, des histoires. Pour une malheureuse manille, toujours la même !... Vous n'avez pas besoin d'y voir clair... vous la jouez par cœur.

Monsieur Truc. — Ça, c'est vrai qu'on y voit tou- jours assez, surtout pour boire... N'est-ce pas, l'aveugle ?

L'aveugle de la Cathédrale. — Eh ! je suis borgne, vous le savez bien. F... tez-moi la paix.

Monsieur Truc — Qu'il est grincheux !

Le cul-de-jatte du cours. — Oui, laissez-le, il est très susceptible. Ses affaires ne marchent pas.

Monsieur Bœuf. — Ah ! pas possible ! Les étrangers ne lui donnent plus rien ? {Il prononce " les étrangers ".)

Le cul-de-jatte du cours. — Eh ! bien sûr non, les étrangers ne lui donnent plus rien ; et les gens d'ici non plus, allez... Et même moi, qui suis sur le Cours, je végète. C'est un métier perdu que le métier de mendiant. De mon temps, je me souviens, quand j'étais jeune homme, mon père avait encore des ressources. Il faisait le sourd- muet devant la Poste. Je me rappelle très bien qu'il me disait : " Baptistin, je crois que je pourrai te laisser un peu d'argent. " Et il l'a fait. Seulement j'ai tout mangé... Les femmes, voilà !... Ah ! les femmes, c'est la perte de tout...

Madame Toesca-Sardou, égrillarde. — Ce monsieur Baptistin ! si on l'écoutait !...

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