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PETITS DIALOGUES GRASSOIS 527

Mademoiselle Gazagnaire. — Madame la comtesse a-t-elle vu quel scandale ont été les dernières élections ?

Madame de Barbaroux. — Je ne m'occupe pas des actes de ces petites gens. Je sais, d'une manière générale, que la France est en décadence et que nous sommes mûrs pour l'annexion et l'Antéchrist. Puissé-je être morte auparavant !

Maurice, à madame de Barbaroux. — Et moi, mada- me, pensez-vous que je rive assez pour le voir, l'Anté- christ ?

Madame de Barbaroux, jette sur Maurice le regard que r éléphant du roi Salomon devait avoir pour le ciron qui en rongeait le trôney assure son face-à-main et dit enfin, dans un grand silence impressionnant. — Vous êtes moderniste, monsieur ?

Maurice, que ni les signes terribles et suppliants de madame Charras, ni rien n'empêchera de rééditer sa plaisant terie favorite. — Non, madame ; ainsi que je l'expliquais tout à l'heure ici même, je suis anarchiste traditionna- liste.

Madame de Barbaroux, stupéfaite. — Qu'est-ce que c'est ?

Maurice. — C'est la nuance à la mode, quelque chose d'intermédiaire entre le nihilisme et la réaction, et ça donne de grandes joies.

Madame Charras, réunissant tout son courage pour un effort suprême. — Que pensez-vous du dernier bal de madame de Ribaudy, madame la comtesse ? J'y étais avec mes deux filles : elles se sont amusées comme des folles, les chéries.

Madame de Barbaroux. — J'ai cru devoir m'ab-

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