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LETTRES DE CHARLES-LOUIS PHILIPPE 665

physique. Tant mieux que tu sois heureux et que tu aies une vie qui te plaise jusque dans ses travaux. Nous avons causé souvent du travail. Mais tiens-moi toujours au courant de tes petites histoires de vie et de bonheur.

Ma vie continue à m'ennuyer. Je me dis : la solitude est fortifiante et je lui dois d'avoir des émotions, des désirs et du caractère. Je regarde la tête de Michel-Ange, celle de Dante et des gens qui ont souffert et je m'en compose une sorte de remède à mes chagrins. Car les chagrins sont les plus forts et crient à certains moments. Je les traite encore par le travail et par la vadrouille quand j'ai touché mon mois. Rien n'y fait. Comme ils corres- pondent au besoin physique et moral que j'ai d'une femme, ils ne peuvent pas me quitter, avant bien des années encore. Car je ne compte que sur le temps. La femme, je sais toutes les raisons maté- rielles qui l'écarteront. Quand ce ne serait que ma pauvreté présente et à venir.

Je bûche. C'est le roman sur la prostitution dont je t'ai parlé. Je viens d'achever le 3® chapitre, mais il y en aura bien 10.

T'ai-je dit que je comptais faire paraître au mois de mars quelque chose qui s'appellera " La mère et l'enfant " ? Ce sera à peu près de la grosseur de mon dernier.

As-tu lu la " Résurrection "de Tolstoï } C'est

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